Le projet de recherche sur la parentalité consciente, appelé « Empath », subventionné par les fonds européens continue actuellement à Plymouth. Il s’agit de notre deuxième rencontre avec les partenaires engagés : Autriche, Peter et Paola; Italie : Elena, UK : Annette, Graham, Olivia; France : Lydie Guégan.
Le but de ce projet est de créer un espace pour les parents afin de trouver écoute et partage bienveillants à travers des pratiques de la pleine conscience face à la réalité d’être parent.
Aujourd’hui, nous avons suivi deux ateliers en mode « recherche et exploration ». J’ai adoré celui de l’après midi sur la musique et la présence de pleine conscience. Je vous le raconte toute de suite, après un petit aperçu de celui de ce matin.
Ce matin, Olly Hurd Thomas de Plymstock school est venu nous présenter comment il introduisait la pleine conscience dans son établissement. Il a tout d’abord formé 20 cadres de son institution, et maintenant il donne un cours à des élèves chaque jour. La méthode suivie actuellement est la méthode « .B ». Il s’agit d’une méthode de pleine conscience adaptée aux écoles et qui assez connue en Angleterre. La progression suivie est réalisée selon le curriculum proposé par .B. Nous avons pu avoir de nombreux échanges fort intéressants, surtout quant à l’introduction systémique de la pleine conscience dans des établissements scolaires. Une des difficultés est souvent la méconnaissance de la notion de « méditation » qui est souvent associée à celle de secte, ou de spiritualité, alors qu’il s’agit d’une méditation « laïque », qui permet d’apprendre à vivre avec ses émotions, afin de mieux gérer leur existence, et leur conséquence. Avec le principe que « l’observation d’une émotion ou d’une situation permet en premier lieu de la désamorcer et de revenir à soi ». Une autre idée est fortement venue en place et lieu : vouloir passer une attitude de pleine « présence » à des enfants ou des élèves sans la pratiquer soi-même est vide de sens, vide de résonance. Une matérialisation de cette pratique en nous-même est simplement inévitable afin d’expérimenter, et la pleine présence, la pleine conscience est tout d’abord, expérience, expérimentation, une aventure …
Cet après midi, c’est Caroline Coleman qui est venue partager son temps avec nous. Cette femme a une histoire incroyable. Elle est musicienne, chanteuse de jazz. Elle a deux enfants, et son deuxième est autiste.
C’est alors toute une vie qui bascule. Un jour, sa mère, qui gardait Kyle, jouait du piano, et se rendit compte que Kyle savait chanter parfaitement bien. Il ne communiquait pas par la parole. Elle essaya alors différentes méthodes pour communiquer par la musique avec lui. Elle essayait de lui enseigner. Et il résistait. Elle a alors cessé de vouloir vouloir. Elle l’a observé, et en l’observant, elle a créé un espace, un vide, qu’il pouvait investir. Il commença alors à lui sortir des cds et à lui faire comprendre quels titres il voulait qu’elle joue. Et à chaque fois, les titres des chansons étaient en lien avec ce qu’il ressentait à ce moment-là, avec ce qu’il souhaitait exprimer.
C’est alors qu’elle a compris qu’elle devait écouter, qu’elle devait observer. Elle mit alors en place un système de musique intuitive afin de pouvoir communiquer avec les enfants autistes avec qui elle était en contact. Elle tire les conclusions qu’un parent est là pour être capable de traduire ce que l’enfant est à l’intérieur, il s’agit de faire un pas en arrière et de laisser le vide s’exprimer, quelque chose de plus grand que nous, et aussi que l’espace puisse être empli par l’expression de l’autre, qui, lorsqu’il est écouté, est reconnu.
C’est ainsi que la qualité de l’écoute est très importante. Caroline nous raconte qu’une de ses élèves autiste est très sensible, elle ressent énormément les champs présents autour d’elle. Au départ, Caroline voulait jouer énormément un morceau, et la jeune fille en face d’elle manifestait son mécontentement. Alors, de fil en aiguille, elle finit par jouer seulement un « la ». Cette jeune fille découpait des images avec lesquelles elle venait, et elle les posait devant elle. Et Caroline jouait pour ses « amis sur les photos ». Un fois cela posé, la confiance fut établie entre elle et la jeune fille. Puis, elle put jouer autre chose que des « la » sur sa guitare.
Par contre, dès qu’elle jouait en pensant à tout autre chose, tel que « je dois mettre mon linge à sécher », « je dois me souvenir d’acheter du sel », « zut j’entends quelqu’un arriver ». Alors, la jeune fille manifestait son mécontentement. Elle était hypersensible à ce que les autres personnes manifestaient. Elle ressentait la différence de qualité d’écoute. Car nous vibrons ce que nous sommes, nous vibrons très largement en dehors de qui nous sommes, ce que nous sommes à l’intérieur de nous. Nous impactons notre environnement extérieur par ce que nous sommes intérieurement.
Caroline nous a alors parlé intensément des archétypes musicaux: l’archétype d’Apollon, celui de Dionysos, celui d’Orphée, et de Psyché. J’ai alors appris une autre façon de voir la musique. Nous avons suivi plusieurs exercices afin d’arriver à exprimer notre profond intérieur, sans règles, sans instruction autre que « exprimez-vous dans le style d’Apollon, ou … »
Ces pratiques furent d’une libération quasi magique pour qui a pratiqué la musique en école de musique en suivant des règles draconiennes … Jouer était une pratique qui venait de l’intérieur, les notes étaient juste la prolongation de mes vibrations, de mes ressentis, les pauses, les silences, les notes, chaque son emplissant l’espace, entendu, ressenti par chaque cellule, suivant un chemin inattendu émanant du fort intérieur, et de plus grand que soit …
Elle anime ces ateliers avec son fils Kyle et elle nous a fait écouter un enregistrement d’un des morceaux de son fils, je vous mets le lien ci dessous.
Je suis emplie d’une immense gratitude pour la vie qui m’a amenée à cette rencontre … Avec Caroline, avec la musique, avec moi-même, et toute ce qu’elle nous a transmis aujourd’hui, ce fut un cadeau précieux …